L’infarctus, fléau du XXIe siècle

Médecine et santé - AVENIR SANTÉ MUTUELLE - 26/01/2021

Selon la Fédération Française de Cardiologie (FFC), chaque année, les maladies cardio-vasculaires sont à l’origine d’environ 140 000 décès en France[1], soit presque 400 par jour. Mais des solutions existent…

En 2013, le Global Burden Of disease estimait que les cardiopathies ischémiques[2] étaient la première cause d’années de vie perdues en France[3], notamment chez les femmes de plus de 65 ans. Toutefois, le taux d’hospitalisation pour un infarctus du myocarde chez les femmes les plus jeunes a progressé de plus de 19% contre 9,9% chez les hommes de même âge.

La FFC rappelle que la prévention est la seule façon d’inverser cette triste tendance.

Vous avez dit infarctus ?

Lorsqu’on parle d’infarctus, on fait principalement référence à l’infarctus du myocarde, le myocarde étant le muscle du cœur strié et épais qui permet au cœur de se contracter. Mais on appelle également infarctus, l’interruption de la circulation artérielle des cellules d’un organe vascularisé, comme par exemple, l’infarctus pulmonaire, qui touche les poumons, l’infarctus cérébral, en rapport avec le cerveau, l’infarctus mésentérique au niveau intestinal ou encore l’infarctus osseux dont la cause est l’obturation de l’artère qui assure l’irrigation du tissu osseux.

Mais un infarctus, c’est quoi ?

Le long des parois des artères qui véhiculent le sang, peuvent se former des athéromes, plaques constituées principalement de cholestérol. Avec l’âge et quelques facteurs aggravants, ce phénomène est plus ou moins important chez les individus. Lorsqu’une de ces plaques devient trop importante, elle peut se rompre et provoquer un caillot de sang qui, expose alors, à un risque d’obstruction partielle ou totale d’une artère à différents endroits du corps provoquant une ischémie. Si une intervention médicale n’est pas réalisée rapidement, le manque d’oxygène provoqué par ce ralentissement de la circulation sanguine peut entrainer la mort des cellules de l’organe concerné. Il y a alors risque d’infarctus.

Concernant le cœur, l’infarctus engendre des problèmes de contraction du muscle cardiaque (le myocarde) qui se manifeste par des troubles du rythme, une insuffisance cardiaque, voire même l’arrêt du cœur…

Quels sont les symptômes de l’infarctus du myocarde ?

Les personnes victimes d’un infarctus du myocarde ressentent en général une vive douleur au niveau du milieu du thorax. Une sensation d’oppression et d’angoisse survient très rapidement. La douleur peut ensuite monter vers la gorge, la mâchoire, l’épaule, le dos, les bras ou parfois les poignets.

Le sujet ressent une forte fatigue, des sueurs, des palpitations, un malaise, il devient pâle, s’essouffle facilement et peut avoir des nausées et des vomissements.

Dans certains cas, le malade perd connaissance dans les premières minutes, ce qui peut aboutir à un arrêt cardiaque et respiratoire, c’est ce que l’on appelle la « mort subite ».

Parfois, l’infarctus n’est détecté qu’a posteriori, en raison d’une complication. Il peut, en effet, ne pas être très douloureux. Certains restent même totalement silencieux.

Comment réagir face à ces symptômes ?

Toute activité doit évidemment être arrêtée immédiatement. Il faut alerter le SAMU en composant le 15 dès que l’oppression thoracique dure plus de 20 minutes. Il confirmera le diagnostic dès son arrivée à domicile par un électrocardiogramme sur place et procédera ensuite à une hospitalisation, si possible dans une Unité de Soins Intensif de Cardiologie (USIC).

C’est l’urgence absolue, avant toute autre considération : crainte de déranger un proche, de jour ou de nuit, quelle que soit l’heure, crise sur le lieu du travail ou sur un lieu de vacances, etc.

Au repos ou dès le moindre effort, si les symptômes apparaissent de façon aléatoire ou de manière répétitive, il est absolument impératif de consulter un médecin dans les plus brefs délais. Le muscle cardiaque n’est peut-être pas encore atteint de manière irréversible.

Suite à un infarctus, les deux premières heures sont déterminantes. Elles conditionnent l’espérance de vie selon les délais de la prise en charge médicale. La réduction de la mortalité est ainsi de 50% pour un traitement lors de la première heure et tombe à 30% dès la deuxième heure.

Quels sont les facteurs de risques ?

Tous les individus sont concernés par le risque cardio-vasculaire, les jeunes comme les moins jeunes, les femmes comme les hommes. Le mode de vie des sociétés, dites civilisées, ne contribue aujourd’hui en rien à une prévention sereine de ce risque permanent.

Toutefois, même si certains facteurs ne peuvent être modifiés du fait de leur caractère intrinsèque à chaque individu (le sexe, l’âge et l’hérédité), d’autres facteurs de risques sont directement liés à notre comportement.

La sédentarité

L’organisation mondiale de la santé porte la sédentarité au niveau du 4ème facteur de décès dans le monde. La boulimie de consommation d’écrans de toutes sortes est, pour une grande part, responsable d’un manque important d’activité physique, ce qui augmente les niveaux de stress oxydant et d’inflammation.

Le tabac

Selon Santé publique France, le tabagisme serait la première cause des maladies cardio-vasculaires en France. Même en fumant très peu, le risque augmente.

80% des victimes d’infarctus de moins de 45 ans sont fumeurs !

Le cholestérol

On le sait, l’excès de cholestérol est néfaste pour la santé par la formation d’athéromes qui peuvent se rompre et provoquer des caillots de sang. Cela peut conduire, sur le long terme, à un infarctus du myocarde, un accident vasculaire- cérébral ou une artérite des membres inférieurs. En France, le cholestérol serait à l’origine d’un infarctus sur deux et près de 20% de la population adulte présenterait une hypercholestérolémie.

Le diabète

Le diabète est, lui aussi, une des causes d’infarctus. Le sucre favorise en effet la formation des caillots de sang. Le diabète peut donc entraîner des complications cardiovasculaires (troubles cardiaques, vasculaires ou artériels) car il altère aussi les gros vaisseaux sanguins (artères du cou, des jambes, du cœur…). Les complications du cœur et des artères sont 2 à 3 fois plus fréquentes chez les diabétiques que dans le reste de la population[4].

L’obésité

De nombreuses études internationales ont établi un lien entre obésité et risque cardiovasculaire. L’association entre graisse abdominale et présence de plusieurs anomalies métaboliques (résistance à l’insuline, intolérance aux hydrates de carbone, profil lipidique athérogène avec HDL-cholestérol bas, triglycéridémie élevée, augmentation des LDL denses et de petite taille, inflammation infraclinique…) a ainsi été établie.

L’hypertension artérielle

L’hypertension artérielle provoque l’épaississement et la rigidification progressive des artères. Elle aggrave, également, la formation de plaques d’athéromes, sous l’effet de la trop forte pression sanguine. Elle expose ainsi à un risque majeur d’accidents cardiovasculaires, en particulier d’infarctus du myocarde et d’AVC, mais aussi d’insuffisance rénale.

Le stress

L’incidence biologique du stress sur le cœur a été démontrée par une étude, parue en janvier 2017 dans The Lancet et réalisée par des chercheurs de l’Université d’Harvard et du Massachusetts General Hospital. Elle met en évidence l’implication de l’amygdale, dans la survenue d’évènements cardiaques. L’amygdale est la zone du cerveau qui gère les émotions. En cas de stress trop élevé, une forte activité de l’amygdale stimule la moelle osseuse qui provoque une augmentation des globules blancs et qui, elle-même, mène à l’inflammation artérielle. Cela peut provoquer des lésions et libérer des caillots dans le sang qui à leur tour vont entraîner une crise cardiaque.

La prévention[5]

La suppression des facteurs de risques non intrinsèques devient alors le meilleur traitement préventif contre les risques d’infarctus.

Bien manger

  • Évitez une alimentation trop riche en graisses. Préférez par exemple les viandes blanches et les légumes aux charcuteries ou viandes rouges consommées en excès.
  • Méfiez-vous des plats préparés (industriels). Ils sont souvent trop riches en sucres, graisses et sel. Mieux vaut, dans la mesure du possible, préparer vous-même vos plats et vos recettes.
  • Attention au grignotage en dehors des principaux repas. Veillez à manger de tout et de façon équilibrée pour ne pas ressentir de sensation de faim.
  • Privilégiez une cuisson à la vapeur plutôt qu’au beurre ou en friture. Méfiez-vous aussi des plats mijotés en sauce, riches en graisses.
  • Adoptez autant que possible un régime alimentaire équilibré, en mangeant fréquemment du poisson, des fruits et des légumes, et en privilégiant l’huile d’olive.
  • Modérez votre consommation d’alcool. Ne dépassez pas 10 verres d’alcool standard par semaine sans dépasser 2 verres par jour en ayant des jours dans la semaine sans consommation.

Bouger

Il est indispensable de pratiquer une activité physique régulière et de diminuer le temps de sédentarité.

Les avantages sont nombreux : vous limitez votre prise de poids, vous diminuez le risque de diabète et d’hypertension artérielle, vous limitez le taux de cholestérol dans le sang, et ce faisant, vous réduisez votre risque cardiovasculaire.

Pour être actif, il est important de :

  • Pratiquer régulièrement une activité physique de différents types et dans toutes les situations du quotidien : se déplacer, prendre les escaliers, bricoler… L’exercice physique ne se limite pas au sport. Ainsi, il peut prendre des formes multiples, incluant la marche, les activités professionnelles et domestiques, et certains loisirs. L’activité physique doit être régulière pour avoir un effet positif sur la santé. C’est pourquoi il est recommandé de faire de l’exercice au moins cinq jours sur sept, et tous les jours idéalement.
  • Diminuer ses comportements sédentaires car c’est la concomitance de l’augmentation de l’activité physique et de la réduction des temps de sédentarité qui produit les effets les plus bénéfiques sur la santé.

Ne pas fumer

Le tabac diminue vos capacités respiratoires et cardiaques à l’effort. Votre corps est en effet moins bien oxygéné et vos muscles moins performants.

La cigarette annule aussi la protection naturelle contre le risque de maladies cardiovasculaires dont bénéficient les femmes jusqu’à la ménopause grâce aux hormones.

En arrêtant de fumer, vous agissez pour améliorer votre santé. Il n’est jamais trop tard ! Les bénéfices du sevrage du tabac interviennent presque immédiatement, puis durablement.

Si votre pression artérielle est trop élevée

Seul un traitement antihypertenseur à vie peut permettre de contrôler efficacement l’hypertension artérielle. Votre médecin vous prescrira celui qui vous convient le mieux

Si votre taux de cholestérol est trop élevé

Si malgré une bonne hygiène de vie (régime adapté et activité physique), votre taux de cholestérol reste élevé, votre médecin vous prescrira un traitement par médicaments hypolipémiants.

Ces médicaments peuvent soit réduire l’absorption des graisses par l’intestin lors de la digestion, soit « piéger » celles circulant dans le sang, soit bloquer la fabrication de cholestérol par le foie.

Si vous avez du diabète

Parfois, un régime équilibré et la pratique d’une activité physique ne suffisent pas à maintenir un taux de sucre approprié dans le sang. Dans ce cas, votre médecin peut vous prescrire des médicaments qui vous aideront à contrôler votre diabète.

Le traitement[6]

Déboucher l’artère le plus rapidement possible reste le moyen le plus efficace pour traiter un infarctus.  Cette « reperfusion » rapide diminue la mortalité et les complications associées à l’infarctus du myocarde. Etant donné l’urgence de la situation, le SAMU doit acheminer le patient dans une unité de cardiologie interventionnelle dans les plus brefs délais.

Lorsque le délai prévisible entre le début des symptômes et la prise en charge dans un service spécialisé est inférieur à 90 minutes, ce qui est la plupart du temps le cas en France, le patient bénéficiera directement d’une angioplastie. Cette intervention consiste à dilater les parois de l’artère obstruée à l’aide d’un ballonnet gonflable, afin de restaurer la circulation sanguine. Le ballonnet est introduit directement dans l’artère grâce à un cathéter. Elle est suivie de la pose d’un stent : un petit dispositif tubulaire en mailles métalliques placé dans l’artère afin de la maintenir dilatée.

Si le délai de mise en œuvre de l’angioplastie risque de dépasser 90 minutes, le patient peut se voir immédiatement administrer un agent thrombolytique, capable de dissoudre le caillot sanguin obstruant l’artère coronaire. Ce médicament, très efficace, peut toutefois entraîner des hémorragies cérébrales dans environ 1% des cas.

Éviter récidive et complications[6]

Les conséquences d’un infarctus du myocarde sont plus ou moins importantes selon l’étendue de la zone asphyxiée et selon la rapidité de la reperfusion (« débouchage » de l’artère).

L’infarctus modifie les dimensions, l’épaisseur et la géométrie du ventricule gauche (la cavité du cœur depuis laquelle est éjecté le sang partant dans tout le corps). Le risque de mortalité à long terme est associé à l’ampleur de ce « remodelage ». L’infarctus peut aussi être source de complications mécaniques, devenues rares à l’ère de l’angioplastie coronaire, mais qui restent très graves : communication interventriculaire, rupture de la paroi libre du cœur, insuffisance mitrale aigue.

L’infarctus peut, en outre, entraîner une insuffisance cardiaque et des troubles du rythme cardiaque, qui font courir un risque de mort subite.

Enfin, l’infarctus peut se compliquer d’un accident vasculaire cérébral (AVC)

Afin d’évaluer ces risques, plusieurs examens peuvent être nécessaires pendant ou au décours de l’hospitalisation : des électrocardiogrammes pour détecter des troubles du rythme, une échographie Doppler pour visualiser le cœur et la circulation, une coronarographie pour observer les artères coronaires, une scintigraphie cardiaque pour évaluer l’irrigation et le fonctionnement du myocarde, une épreuve d’effort pour vérifier les capacités cardiaques du patient.

Après sa sortie de l’hôpital, le patient doit souvent suivre une réadaptation cardiaque, afin de favoriser la récupération des capacités du muscle cardiaque, mais également de permettre l’optimisation des traitements et du contrôle des facteurs de risque. Le bénéfice est physique mais également psychologique. Elle contribue à faciliter la reprise d’une activité professionnelle.

L’année qui suit un infarctus est ponctuée de rendez-vous réguliers chez le médecin généraliste et chez le cardiologue. Par la suite, si tout va bien, les rendez-vous s’espacent. Toutefois, le traitement « BASIC » doit généralement être poursuivi au long cours. Et le patient doit apprendre à contrôler au mieux ses facteurs de risque modifiables (tabagisme, poids, activité physique …).

Si des troubles du rythme cardiaque persistent malgré un traitement adapté, il peut devenir nécessaire de mettre en place un défibrillateur cardiaque implantable ou un pacemaker sous anesthésie locale. Par ailleurs, si plusieurs artères coronaires sont rétrécies ou bouchées, une angioplastie coronaire complémentaire ou un pontage sur les autres artères peuvent être indiqués. Enfin, en cas d’insuffisance cardiaque grave, la prise en charge peut parfois aller jusqu’à une transplantation cardiaque.

 

[1] https://www.fedecardio.org/La-Federation-Francaise-de-Cardiologie/Presse/journee-mondiale-du-coeur#:~:text=c%C5%93ur%20des%20femmes-,A%20l’occasion%20de%20la%20Journ%C3%A9e%20mondiale%20du%20c%C5%93ur%20du,cardio%2Dvasculaires%20chez%20les%20femmes.
[2] Diminution de l’apport sanguin artériel à un organe.
[3] GBD 2013 Mortality and Causes of Death Collaborators. Global, regional, and national age-sex specific all-cause and cause-specific mortality for 240 causes of death, 1990-2013: A systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2013. Lancet. 2015;385(9963):117-71.
[4] Fédération Française des diabétiques.
[5] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/risque-cardiovasculaire/reduire-risque-cardiovasculaire#:~:text=Il%20est%20indispensable%20de%20pratiquer,de%20graisses%20dans%20le%20sang.
[6] INSERM.

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