E-Commerce et santé : danger !

Médecine et santé - AVENIR SANTÉ MUTUELLE - 22/11/2022

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), au moins la moitié des médicaments vendus sur internet seraient des contrefaçons. Pour les autres, les consommer sans prescription médicale pourrait exposer à des effets secondaires dangereux pour la santé. Il est, en effet, extrêmement facile de se procurer sur internet tout type de médicament ou de complément alimentaire, mais les fraudeurs se multiplient et de plus en plus de produits interdits et dangereux sont accessibles d’un simple clic.

AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous expose quelques éléments d’information afin de susciter la vigilance dans vos achats de santé.

 

De plus en plus de Français achètent médicaments et autres remèdes miracles sur internet. Moins chers, facilement accessibles, sans besoin ni de ne se déplacer ni d’ordonnance, et surtout magnifiés par des promesses publicitaires accrocheuses, leurs ventes augmentent fortement chaque année. Pourtant, les dangers sont réels.

Les dangers de l’automédication

On peut penser que suivre à la lettre la posologie d’un médicament acheté sur internet, suffit à garantir sa bonne utilisation et son efficacité. Mais c’est faux, car, seul un professionnel de santé est compétent pour prescrire un médicament adapté à chaque cas particulier, en fonction de son âge, de ses antécédents familiaux ou opératoires, de ses allergies et, plus globalement, de son état de santé général.

L’automédication est responsable de 130 000 hospitalisations par an (Rapport Charges et produits pour l’année 2018 de l’Assurance maladie), notamment chez les plus de 65 ans.

Une erreur dans la prise de médicament est toujours possible comme le surdosage ou la prise à un mauvais moment dans la journée. L’interaction entre plusieurs médicaments peut aggraver l’état de santé d’un malade plutôt que de le guérir car les principes actifs de l’un peuvent agir de façon non souhaitée avec la molécule d’un autre. Un médecin ou un pharmacien y est attentif, un non initié ne l’est pas et peut se tromper. Certaines professions sont incompatibles avec certains médicaments.

Un médicament, pour être mis sur le marché en France et en Europe, nécessite une autorisation de mise sur le Marché (AMM), résultat de nombreux et longs travaux d’évaluations scientifiques. Les produits achetés sur internet, notamment dans les pays hors Europe, échappent à cette garantie d’efficacité et de sécurité sanitaire.

Les remèdes miracles

N’est-il pas tentant de se laisser séduire par le dernier coupe faim miracle ou le nouveau traitement contre le diabète ou l’obésité du professeur Michu dont les bienfaits sont placardés impudiquement (et impunément) dans nos réseaux sociaux ou nos messageries numériques ? Des personnes influençables, en souffrance ou tout simplement curieuses pourraient être tentées. Mais, faisons confiance à notre système de santé et à nos médecins, qui préconisent une alimentation saine et équilibrée, une activité physique régulière comme seuls remèdes réellement efficaces et en toute sécurité, plutôt que de nous laisser abuser par des sirènes qui ne présentent un intérêt que pour ceux qui en tire un bénéfice financier.

Ces belles promesses peuvent se traduire, au mieux, par un effet placebo, et au pire par une aggravation de la santé et un grand vide dans le budget familial….

Le danger des contrefaçons

Pour l’OMS, seulement 1 médicament sur 2 est un faux sur internet, mais des observateurs ponctuels tendent à démontrer qu’en réalité, 9 médicaments sur 10 vendus en ligne, sont des faux. Le soin apporté à l’emballage, au conditionnement ou à l’aspect de la notice est trompeur, car, même en ayant l’original et le contrefait en main, il est difficile de faire la différence, c’est du grand art. Pourtant, le produit proposé n’a rien à voir avec l’original.

Là encore, soit il ne contient pas de principe actif et sera sans effet, soit la contrefaçon sera toxique, provoquant des effets secondaires dramatiques allant parfois jusqu’au décès. Ce marché est très lucratif. D’une valeur estimée à 200 milliards de dollars à l’échelle mondiale, il rapporterait vingt fois plus que l’héroïne…

Les médicaments contrefaits proviennent principalement de pays tels que l’Inde et la Chine et touchent de nombreuses classes pharmacologiques qui vont des médicaments pour les troubles de l’érection (Viagra (sildenafil), Cialis (tadalafil)), aux produits de première nécessité comme des anti-inflammatoires, des antibiotiques, des antidiabétiques, des antipaludéens voire même des anticancéreux !

Pourtant, malgré le risque que présente l’automédication et l’achat de médicaments sur internet, 14 % des Français reconnaissent avoir déjà acheté sur internet. Parmi eux, 50 % étaient conscients des risques. Donc, en toute connaissance de cause, on peut par exemple, prendre le risque de consommer des comprimés de viagra, fabriqués à partir de débris de briques réduites en poudre, compressées, teintées à la peinture et vernies…

Légal ou illégal ?

Le commerce électronique a connu un essor important, notamment pendant la période de pandémie de la COVID-19. Mais certains marchés sont réglementés et tout ne peut pas y être vendu ou acheté. C’est notamment le cas de la vente en ligne de médicaments qui est encadrée par la directive n°2011/62/UE du 8 juin 2011 et qui impose aux États membres, la mise en place de dispositifs permettant la vente à distance au public de médicaments au moyen de services électroniques.

En France, cette pratique est soumise au monopôle des pharmaciens qui sont les seuls à être habilités et autorisés à vendre des médicaments à distance. De nombreuses conditions complémentaires sont imposées par le code de la santé publique comme l’ouverture effective d’une pharmacie (la fermeture de la pharmacie entraîne la fermeture du site internet) et l’administration du site par des titulaires d’officine ou par des pharmaciens gérant une pharmacie mutualiste ou minière.

De plus, avant d’ouvrir un site de commerce en ligne de médicaments, ces derniers doivent obtenir l’autorisation de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et informer le conseil de l’Ordre des pharmaciens de la création du site.

Seuls les médicaments qui ne sont pas soumis à prescription médicale obligatoire peuvent faire l’objet de vente électronique. Toutefois, la cour de justice européenne étant régulièrement sollicitée pour traiter ce genre de sujet, il est vraisemblable que la légalisation de commercialisation de médicaments sur internet sera amenée à évoluer très prochainement en France.

Les publicités qui proposent certains médicaments, via la boite mail, sont obligatoirement synonymes de spam et de vente illégale. En effet, seuls les pharmaciens peuvent vendre en ligne, mais la sollicitation de la clientèle leur est interdite par le code de la santé publique français (CSP).

Enfin, il est important de savoir que l’achat de médicaments en ligne hors Union Européenne est interdit.

L’avis des pharmaciens

Pour eux, la vente de médicaments par internet relève plutôt du désir que du besoin. Avec une pharmacie pour 3 000 habitants, ils estiment que l’offre sur le territoire est suffisante pour que chacun puisse bénéficier rapidement du médicament souhaité et du conseil associé. De plus, conserver un lien avec le médecin qui a délivré l’ordonnance est primordial.

Ils sont, en revanche, ouverts à la possibilité de vente en ligne de produits de parapharmacie, sans danger pour la santé.

Pour acheter ses médicaments en toute sécurité, ils conseillent de vérifier les points suivants :

  • La pharmacie on-line est-elle rattachée à une officine physique qui a pignon sur rue ?
  • Le médicament souhaité est-il délivré sans ordonnance et existe-t-il dans la liste de l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) ?
  • Les prix proposés ne présentent-ils pas un trop grand écart par rapport à ceux des pharmacies locales ?
  • L’administrateur répond-il rapidement aux questions posées par e-mail ?
  • Existe-t-il un numéro de téléphone pour le service après-vente, et si oui, l’interlocuteur parle-t-il français ?
  • La page du site internet est-elle sécurisée (https) ?
  • Le colis que vous recevez a-t-il bien été envoyé depuis la France ?

Pour savoir si vous êtes connecté sur une pharmacie en ligne légale, l’Ordre national des pharmaciens tient à jour une liste des sites de vente en ligne de médicaments autorisés par les ARS, à consulter sur le site : http://www.ordre.pharmacien.fr/ecommerce/search.

Matériels médicaux et objets connectés

Le marché des médicaments n’est pas le seul à exploser sur internet. La demande en technologie médicale ou en équipements médicaux à domicile fait désormais partie des priorités des Français.

Qu’il s’agisse d’améliorer son hygiène de vie, ou d’assurer le suivi d’une maladie chronique, la gamme des objets connectés au service de la santé est vaste.

De plus en plus d’applications mobiles médicales qui permettent de faciliter la relation entre les patients et les professionnels de la santé ont vu le jour ces dernières années. La téléconsultation est notamment devenue courante, boostée par les périodes successives de confinement.

Des applications pour mieux gérer le diabète au quotidien, ou encore pour mieux reconnaître les douleurs du dos grâce à des questionnaires ludiques, mais aussi des objets santé connectés pour suivre son activité physique et ses constantes (glycémie, poids, tension, fréquence cardiaque, etc.) existent et devraient encore évoluer dans les années à venir.

La vente d’appareils dédiés à la relaxation tels que les tables de massage, les huiles essentielles et autres outils a également augmenté.

Rester prudent

Fiabilité, sécurité et confidentialité sont essentielles lorsqu’il s’agit d’utiliser des équipements de santé sans danger. Là encore, il est nécessaire d’être prudent quant à la qualité des achats à distance. Pourtant, il n’existe aucun label de qualité dans le domaine des applications santé ou des objets connectés.

La Commission européenne a défini des cahiers des charges pour diverses familles de produits. Lorsqu’un produit remplit les conditions prescrites, il reçoit le « marquage CE » qui garantit sa qualité de fabrication, mais pas forcément son éventuelle utilité dans le cadre du maintien de la santé. En effet, le marquage CE peut s’appliquer aux équipements terminaux de télécommunication, par exemple, et ne pas garantir la fiabilité médicale.

Il n’existe pas d’institut certificateur mandaté par l’État pour attribuer un label permettant de savoir si un objet connecté en santé est fiable et sûr, à l’exception de ceux qui bénéficient du statut de dispositif médical.

Pour les objets de bien-être et de loisirs, la précision des mesures n’est pas toujours au rendez-vous, les capteurs étant peu précis. De nombreux bracelets connectés ne délivrent pas une information juste sur la fréquence cardiaque pendant l’effort, ce qui peut avoir de graves conséquences.

Les dispositifs médicaux connectés ne peuvent être considérés comme fiables que lorsqu’ils remplissent strictement les conditions imposées par la Commission européenne pour leur fonction de santé.

Le conseil d’AVENIR SANTÉ MUTUELLE

Que ce soit pour acheter un médicament, un complément alimentaire, une application ou un dispositif médical de santé, AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous conseille de le faire en lien avec un professionnel de santé, médecin traitant, spécialiste ou pharmacien. En l’absence de label de qualité, il vous conseillera d’utiliser les équipements connectés qu’il a lui-même testés ou qui sont recommandés dans le cadre des expérimentations menées par les pouvoirs publics.

Si internet offre de belles perspectives dans le domaine du e-commerce, la santé reste un domaine pour lequel l’internaute doit être encore plus vigilant.

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