Les écrans : un jeu d’enfants ?

Hygiène et prévention - AVENIR SANTÉ MUTUELLE - 25/05/2021

Ces dernières années, l’importance que prennent les écrans dans la vie de tous les jours n’a cessé d’augmenter. Aujourd’hui, ils sont devenus tellement habituels qu’ils envahissent notre quotidien, sans même qu’on s’en aperçoive. Ils sont présents dans la majorité des foyers français, généralement dans les pièces de vie commune, mais de plus en plus, dans les chambres des adultes comme des plus petits. Les écrans sont-ils un jeu d’enfants ? Faut-il, en effet, s’inquiéter de les voir envahir les chambres des plus jeunes ? Quels risques sur notre santé fait courir la surexposition aux équipements numériques ? Comment les utiliser de manière raisonnée et protéger les enfants et adolescents de leurs risques potentiels ?

AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous aide à mieux en comprendre les dangers et vous propose quelques solutions pour les utiliser avec sagesse.

Utiles…

Les outils numériques offrent de précieuses ressources pour la vie de tous les jours. Ils permettent de communiquer facilement avec des proches éloignés, d’être en contact avec le monde entier ou encore de s’informer plus largement et plus rapidement. Divertissements, commerces en ligne, démarches administratives ou bancaires, tous les domaines de la vie sont accessibles. De manière naturelle, la crise de la Covid-19 a augmenté le temps passé sur les écrans, notamment pour le travail ou les études.

L’Académie des Sciences souligne, dans un rapport de 2013 intitulé « l’enfant et les écrans », que le développement du numérique a des effets positifs sur les enfants et les adolescents. En tant qu’outil pédagogique, le digital permettrait d’acquérir plus facilement un savoir-faire et des connaissances. D’un point de vue social, la formation de la pensée et l’intégration sociale des enfants seraient facilitées par les écrans s’ils ne sont pas utilisés de manière excessive. Elle préconise de ne pas utiliser le terme de « pathologie », notamment lorsque le temps passé sur les écrans n’influe ni sur la scolarité ni sur la vie sociale de l’enfant. De plus, la pratique d’une activité créative ou l’attrait pour le numérique en vue d’un métier futur, font partie des aspects positifs de l’utilisation des écrans.

 

…Mais pas sans risque.

Cependant, l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP) déclare que 93% des 12-17 ans, en 2016, possédaient un téléphone portable. Ils n’étaient que 72% en 2005. Ces chiffres témoignent de leur importance grandissante dans la vie des plus jeunes. On considère, aujourd’hui, que l’utilisation des écrans est excessive chez les enfants et les adolescents. Même si on peut difficilement parler d’addiction ou de pathologie, leur pratique reste à surveiller, notamment chez les plus jeunes, car elle peut entraîner des problèmes de santé.

Le cerveau peut être impacté par une surexposition aux écrans. Les enfants qui sont connectés de manière excessive développent, en effet, plus facilement des retards de langage et ont plus de difficultés à se concentrer. Certaines études montreraient même qu’une utilisation excessive des écrans par des enfants en bas âge, entraînerait une diminution de l’autonomie, de la persévérance, de l’intérêt pour l’école et des relations sociales. Ainsi, la Société Française de Pédiatrie déconseille l’usage des écrans avant 3 ans.

Le comportement des enfants serait également concerné. Les contenus violents, notamment, pourraient rendre les plus jeunes plus impulsifs et plus ouverts à la confrontation directe. Ils seraient aussi plus passifs face au monde qui les entoure.

Selon le Public Health England (ministère de la Santé britannique), passer trop de temps sur l’ordinateur, le téléphone portable ou la télévision, rendrait moins heureux et favoriserait l’anxiété et les symptômes de la dépression. Dans ce même rapport, le ministère de la Santé britannique souligne les problèmes émotionnels et la mauvaise estime de soi que peuvent ressentir les enfants trop connectés.

Aussi, en utilisant à outrance les écrans, les enfants délaissent certaines activités sociales ou sportives, essentielles à leur bien-être et à l’apprentissage de valeurs fondamentales (respect de l’autre, tolérance, persévérance…).

Le cerveau se construit pendant l’enfance et a besoin d’être stimulé pour apprendre à fonctionner correctement. La vision est un élément important de ce développement. Le système visuel se met en place dans les premières années de la vie, or les écrans utilisés de manière trop intense est néfaste pour la vision.

Les enfants sont donc vulnérables, face aux dangers des écrans, mais les adultes le sont tout autant. Isolement social, troubles mentaux, problèmes physiques, la surconsommation d’écran par un adulte présente des risques pour sa santé.

La désocialisation, la dépression, l’échec professionnel ou scolaire sont en effet des risques potentiels de l’utilisation excessive d’équipements numériques. Une trop grande présence devant les écrans favoriserait une déconnexion du monde réel, de ses proches, de sa carrière et provoquerait un repli sur soi.

La santé mentale peut être impactée par une hyper-connexion. Il est possible de ressentir un manque, de l’angoisse ou tout simplement un mal-être lors d’une déconnexion. Ce sentiment peut aller à l’extrême et entraîner un comportement agressif. Se réfugier dans un retour aux écrans laisse place à un cercle vicieux. A l’inverse, la culpabilité peut envahir l’esprit et provoquer des pensées négatives. On se pose de mauvaises questions : les écrans sont-ils vraiment à l’origine de ce trouble ?

 

Effets secondaires :

Une surconsommation d’écrans peut avoir des effets secondaires inattendus. En effet, leur utilisation intensive entraîne une augmentation de la sédentarité et par conséquent, un manque d’activité physique. Celui-ci, associé à une alimentation déséquilibrée, pourrait augmenter les risques cardio-vasculaires et les problèmes de poids. La sédentarité est un facteur diminuant l’espérance de vie. Selon l’OMS, environ 3,2 millions de décès, chaque année, seraient dû à cette sédentarité.

Le sommeil est aussi impacté par la pratique du numérique. La lumière bleue émise par les écrans peut, en effet, stimuler l’éveil au sein du cerveau et stopper la production de l’hormone du sommeil (la mélatonine). Les écrans prennent de plus en plus de place dans les activités nocturnes au détriment du sommeil. Le rythme biologique naturel est alors perturbé et des problèmes de fatigues chroniques peuvent s’installer.

Une mauvaise posture prolongée, engendrée par une trop grande consommation d’écrans, peut être source de douleurs voire de troubles musculosquelettiques.

De même, ils pourraient être à l’origine de maux de tête et de fatigue visuelle. En effet, un des risques les plus importants est lié à l’exposition de nos yeux à la lumière bleue. En 2019, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) met en garde contre la lumière bleue qui a une courte longueur d’onde et qui, par conséquent, produit une quantité d’énergie plus forte que les autres couleurs. Elle fatigue la rétine, réduit la fréquence des clignements des yeux et la quantité de larmes, ce qui entraîne une fatigue et une sécheresse oculaire. Cela peut conduire à une baisse de la vision, à des douleurs et à des irritations.

L’Anses insiste sur la fragilité des plus jeunes. Leurs yeux ne filtrant pas encore complétement la lumière bleue, il est recommandé de diminuer le temps passé devant un écran, de faire régulièrement des pauses, de regarder au loin de temps en temps pour permettre à nos yeux de cligner et de s’humidifier. Depuis quelques années, le mode nuit (ou Night Shift) permet de réduire la lumière bleue émise par les outils digitaux (ordinateurs, téléphones, tablettes) et donc de diminuer les effets néfastes qui y sont liés. La position de l’écran par rapport aux yeux peut aussi avoir un impact sur la santé. En effet, lorsque l’écran est à hauteur du regard, les yeux sont largement ouverts, or cette position demande un effort plus conséquent aux muscles pour adapter la vision de près à la vision intermédiaire. Il est préférable de positionner son écran plus bas que ses yeux, pour diminuer la fatigue oculaire.

Epilepsie :

Une stimulation lumineuse d’intensité forte ou intermittente peut conduire à des crises d’épilepsie. Les écrans d’ordinateurs ou de télévisions, notamment, diffusent des images à fréquences élevées et peuvent donc en être à l’origine. Néanmoins, s’ils ne sont pas un facteur déterminant de l’épilepsie, ils en sont le déclencheur chez les personnes sensibles aux stimulations lumineuses.

Il est recommandé de ne pas regarder la télévision dans le noir en pleine journée, de laisser une lumière allumée à proximité et de se tenir à une distance raisonnable.

Monde réel ou virtuel ?

Le risque de délaisser la réalité pour le virtuel est important tant la technologie propose aujourd’hui des simulations extrêmement réalistes. Dans les cas extrêmes, il est possible de perdre ses repères dans le monde réel et de rester bloquer dans un monde imaginaire ou encore de confondre les deux mondes. Ne plus réussir à distinguer ce qui appartient à l’un ou à l’autre provoque isolement social et dépression.

Addiction, attention !

Il est nécessaire de rester attentif à sa consommation d’écrans et à son impact sur la santé. On ne parlera d’addiction que lorsque les écrans impacteront la réalité du quotidien de manière négative et permanente. Avant d’en arriver là, une remise en question de ses habitudes numériques et surtout de celles de ses enfants doit être faite régulièrement. En fixant un cadre strict, mais simple, les symptômes indésirables s’arrêtent dès que l’équilibre est retrouvé.

Les bonnes pratiques

Les écrans ne sont pas malsains par nature, c’est l’usage qui en est fait qui entraîne des complications. Il ne faut donc pas les effacer de son quotidien, mais apprendre à les utiliser intelligemment. Pour les enfants, les adultes se doivent de fixer des règles dès leur plus jeune âge. C’est en effet aux parents qu’il revient de fixer ces règles et de les faire respecter. Dialoguer avec les plus jeunes, leur expliquer les problèmes qu’une trop grande consommation d’équipements numériques peut entraîner, et trouver ensemble un compromis qui convienne à tous, est le meilleur atout pour une vie familiale et sociale saine et bienheureuse.

Limiter le temps d’exposition aux écrans en les impliquant et en leur faisant comprendre les enjeux pour leur permettre de s’auto-réguler de manière autonome. Il est possible, par exemple, de leur faire noter dès l’âge de 9 ans, le temps passé devant un écran, pour une meilleure prise en compte du temps réellement passé, souvent sous-estimé par les enfants.

Mais un parent se doit de donner l’exemple. Donner des limites et un cadre est essentiel, mais éviter de passer du temps soi-même sur les écrans permettra à l’enfant de se construire par imitation.

Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste français et membre de l’Académie des technologies, a défini la règle du « 3-6-9-12 » qui permet d’introduire avec douceur et efficacité les écrans dans la vie d’un enfant.

Avant 3 ans, il est recommandé d’éviter les écrans, ils doivent interagir avec le monde réel et stimuler leurs 5 sens.

Entre 3 et 6 ans, il peut regarder la télévision mais de manière modérée. Il est déconseillé de laisser un appareil numérique dans la chambre d’un enfant, la durée d’exposition et les contenus qu’il regarde doivent être surveillés. Favorisez les jeux numériques à plusieurs plutôt que de le laisser seul face à son écran.

Entre 6 et 9 ans, il faut délimiter un temps d’écran précis et laisser plus d’autonomie à l’enfant qui le répartit comme il le désire. Mais il est important qu’il continue de pratiquer d’autres activités physiques et sociales en dehors de ces périodes.

A partir de 9 ans, c’est le moment de faire découvrir Internet et ses dangers à l’enfant. Vous pouvez pour cela vous référer à l’article que vous êtes en train de lire…

Enfin après 12 ans, il lui sera possible de naviguer seul sur Internet, à condition qu’il en ait bien compris les risques et qu’il respecte le cadre défini par ses parents.

 

En conclusion

Vivre dans un monde virtuel, que ce soit devant sa télévision, sa tablette ou son smartphone est facile et de plus en plus réaliste. Mais ce confort cache une terrible réalité, celle de ne plus avoir de vraies relations à la nature, de n’avoir que des amis virtuels sans moments de partages et de ne pas exercer son corps à l’effort. Dans la vraie vie, pas de tutoriel, de deuxième vie, de personnage virtuel, de combat sans douleur, d’aide en ligne pour passer les épisodes difficiles, tout est vrai et mieux vaut y être préparé. Alors, pourquoi pas une petite balade en famille ce week-end ?

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