Octobre Rose : où en est la recherche sur le cancer du sein ?

Médecine et santé - AVENIR SANTÉ MUTUELLE - 18/10/2022

Aujourd’hui en France, une femme sur huit est ou sera, concernée par le cancer du sein. Il représente plus du tiers de l’ensemble des nouveaux cas de cancers chez la femme. Pourtant, le traitement du cancer du sein a connu de grandes avancées depuis 1980. En 40 ans, dans les pays à revenu élevé, le taux de mortalité a chuté de 40 %. Grâce aux progrès de la recherche, les taux de guérison sont désormais très élevés, mais il reste encore beaucoup à faire.

À l’occasion de la campagne annuelle « Octobre Rose », AVENIR SANTÉ MUTUELLE fait le point sur les pistes que les chercheurs explorent pour aller encore plus loin dans la lutte contre le cancer du sein.

De quoi parle-t-on ?

Le développement des cellules cancéreuses se situe au niveau des glandes mammaires. 85 % apparaissent dans celles qui tapissent les canaux et 15 % dans les cellules des lobules situés dans le tissu glandulaire du sein.

La tumeur naît habituellement au niveau de ces cellules sans provoquer aucun symptôme et avec un risque minimum de propagation. On parle de carcinome in situ. Mais avec le temps, ce cancer peut envahir les tissus voisins puis se propager dans les ganglions lymphatiques à proximité ou dans d’autres parties du corps, on parle alors de carcinome infiltrant.

Selon l’institut CURIE à Paris : « La recherche a permis d’identifier trois types de tumeurs : le cancer de type luminal A ou B, le cancer de type HER2 et le cancer de type basal-like. Deux gènes de prédisposition au cancer du sein ont été identifiés, nommés BRCA1 et BRCA2. 60 000 femmes seraient porteuses de l’une de ces deux mutations génétiques. Elles peuvent être transmises par n’importe lequel des deux parents et augmentent considérablement le risque de développer, un jour, un cancer du sein ou de l’ovaire. Un suivi adapté est proposé aux femmes identifiées comme porteuses de l’une de ces mutations.

Le traitement du cancer du sein dépend de son étendue au moment du diagnostic. Il comprend généralement l’ablation de la tumeur (ou du sein en cas de propagation), voire des ganglions afférents. Aujourd’hui, la technique du ganglion sentinelle (le fait de prélever le ganglion le plus proche du sein) permet de déterminer lors de l’opération s’il faut ou non retirer toute la chaîne ganglionnaire. La chirurgie est souvent complétée par de la chimiothérapie et de la radiothérapie ».

La recherche sur le cancer du sein

La recherche sur le cancer du sein repose sur des essais cliniques qui explorent différentes thématiques.

 

Une médecine de précision

Les biomarqueurs d’une tumeur sont caractéristiques du cancer auquel ils sont associés. Lorsqu’ils sont repérés, le traitement du patient, sera adapté précisément à la nature de la tumeur.

La routine médicale classique recherche 4 biomarqueurs en priorité (HER2, ER, PR, Ki67). Des essais cliniques permettront d’en valider d’autres.

Les thérapies ciblées

Ce type de thérapie permet de ne pas lancer de traitement qui pourraient attaquer toutes les cellules saines ou cancéreuses de l’organisme, comme les chimiothérapies par exemple. Elle a pour effet de ne bloquer que les cellules tumorales. La biologie moléculaire continue d’être largement exploitée pour caractériser les cancers et adapter la stratégie thérapeutique. L’étude SAFIR02 BREAST compare l’efficacité d’une chimiothérapie standard à celle d’un traitement par thérapies ciblées dont le choix repose sur l’identification d’anomalies génétiques et moléculaires.

De gros progrès, dans ce domaine, ont été rendus possibles grâce à la collaboration de plus en plus étroite entre les chercheurs en laboratoire et les cliniciens, au contact du patient.

Le développement de nouvelles méthodes diagnostiques 

Les chercheurs élargissent leurs travaux en étudiant de nouvelles pistes de détection et de traitement. C’est le cas pour les techniques d’imagerie qui se perfectionnent régulièrement : scintigraphie, tomographie, radiothérapie aux ganglions axillaires (aisselle), radiothérapie aux ganglions lymphatiques régionaux, irradiation partielle accélérée du sein, radiothérapie administrée après une mastectomie, techniques d’inspiration bloquée, etc.

La détection de cellules tumorales circulantes (CTC)

Les cellules tumorales circulantes se désolidarisent de la tumeur pour circuler librement dans l’organisme avant de se fixer sur un autre organe et s’y développer. Une simple prise de sang pourrait permettre d‘adapter le traitement, de manière moins invasive et plus rapide qu’une biopsie, en suivant l’évolution de la maladie dans sa phase métastatique. Une étude a montré que le taux de ces cellules dans le sang, aide à savoir chez quelles femmes atteintes d’un cancer du sein avec récepteurs aux œstrogènes (ER+), il est préférable de prescrire une chimiothérapie plutôt qu’une hormonothérapie pour augmenter les chances de survie. Un essai clinique a démontré, en effet, l’absence de bienfaits de la chimiothérapie pour 70 % des femmes atteintes d’un cancer du sein à récepteurs d’œstrogènes positifs (ER+) au stade précoce qui ne s’est pas propagé aux ganglions axillaires.

Les polluants organiques persistants (POP)

Des études sont en cours pour identifier les liens possibles entre les POP et le cancer du sein. Il paraît assez probable, en effet, que les dioxines, polychlorobiphényles (PCB), hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et autres pesticides exercent une influence sur l’évolution du cancer du sein.

Le dépistage personnalisé

L’étude internationale MyPeBS (My Personal Breast Screening), financée par l’Union Européenne travaille sur une nouvelle stratégie de dépistage personnalisé du cancer du sein. Elle est basée sur le calcul du risque individuel que peut développer chaque femme, en prenant en compte son âge, ses antécédents familiaux et personnels, sa densité mammaire et les données génétiques obtenues à partir d’un test ADN sur échantillon salivaire.

La chirurgie

La chirurgie conservatrice est de plus en plus pratiquée. Elle permet de n’enlever que la tumeur sans ablation complète du sein. Les progrès de la chirurgie, ces dernières années, ont permis de réduire considérablement son impact sur les patientes. C’est une opération rapide qui se pratique en ambulatoire.

La chirurgie robot-assistée

La robotisation des actes chirurgicaux pourrait réduire fortement l’impact d’une mastectomie, en réalisant au cours de la même opération, ablation du sein et reconstruction mammaire avec un minimum de cicatrices visibles du fait d’une précision endoscopique que n’est pas capable de réaliser une intervention humaine. Là encore, des essais cliniques sont en cours pour étudier les champs des possibles, le résultat esthétique, le taux de complication, et la qualité de vie pour les femmes. Toutefois, en fonction du type de cancer et de sa localisation, cette intervention peut ne pas être possible.

De nouvelles pistes

L’étude CANTO (CANcer TOxicities) a pour objectif de décrire les toxicités et séquelles liées aux traitements. L’objectif est d’identifier les populations susceptibles de les développer pour les anticiper en adaptant les traitements en conséquence et ainsi garantir une meilleure qualité de vie.

L’étude COG-SPORTIF vise à évaluer l’impact de séances d’activité physique sur les fonctions cognitives et la tolérance au traitement, la fatigue ou l’état psychologique de patientes traitées pour un cancer du sein localisé.

Des équipes de chercheurs, financées par la Fondation ARC, étudient notamment les mutations génétiques retrouvées spécifiquement dans les cellules cancéreuses et leurs modifications au cours des différentes phases de la maladie. Elles espèrent également décrypter les mécanismes qui déclenchent ou accélèrent leur prolifération pour conduire à la formation d’une tumeur maligne.

Les recherches portent également sur les mécanismes à l’origine de la dissémination du cancer et à la formation de métastases. Pour cela, elles étudient les capacités spécifiques des cellules issues des tumeurs qui sont capables de se déplacer et d’envahir d’autres tissus afin de découvrir leurs origines et leurs points faibles.

Chimiothérapie et autres médicaments

Aujourd’hui, un grand nombre de femmes atteintes d’un cancer du sein précoce peuvent se passer de chimiothérapie sans danger. De nombreuses alternatives existent, lorsqu’elles sont adaptées au type de cancer à traiter.

Les bisphosphonates sont des médicaments qui aident à renforcer les os en empêchant le corps de les dégrader. Ils réduisent les métastases osseuses et augmentent les chances de survie chez les femmes atteintes d’un cancer du sein précoce.

Hormonothérapie

Des chercheurs tentent de trouver de meilleures façons de traiter le cancer du sein à récepteurs hormonaux positifs. C’est, par exemple, l’étude de l’hormonothérapie à base d’inhibiteurs de l’aromatase et d’inhibiteurs de l’activité ovarienne qui peut améliorer la survie au cancer du sein chez les femmes préménopausées (qui ont encore leurs menstruations). L’aromatase est une enzyme que le corps utilise pour fabriquer de l’œstrogène dans des régions autres que les ovaires. Les inhibiteurs de l’aromatase sont des médicaments qui interrompent leur production ou qui en bloquent l’action, ce qui réduit le taux d’œstrogène dans le corps.

La génomique

Les gènes présents dans les cellules sont composés de constituants chimiques. Grâce à la recherche, qui a permis de mettre au point de nombreuses techniques de décodage de la séquence ADN présente dans le noyau de chacune des cellules, la génomique permet aux chercheurs d’étudier de manière très précise les variations de l’ADN et de comprendre les mécanismes conduisant au développement d’un cancer.

Et demain ?

Avec les progrès sur l’identification de nouveaux gènes mutés, la recherche connaît une forte dynamique sur le développement de nouveaux traitements adaptés au patient et au type de cancer dont il souffre.

Au rythme où la recherche avance, il sera peut-être possible, un jour prochain, de modifier les gènes responsables de cancer via des thérapies géniques pour les rendre sains, ou encore de remplacer un organe touché par un cancer en utilisant des cellules-souches issues du malade.

C’est en tous cas, ce sur quoi les chercheurs tendent à découvrir.

Octobre rose

Le financement de la recherche sur les cancers est assuré par les programmes de recherche de l’Institut national du cancer sous l’égide des ministères en charge de la Recherche et de la Santé, ainsi que par l’Inserm et d’autres agences sanitaires. Des organismes, participent également à cet effort, comme les associations caritatives, les fondations et les industriels de la santé.

Grâce à des actions de sensibilisation et d’information comme la démarche « Octobre Rose », la recherche est boostée par l’effort collectif citoyen qu’elle fédère.

A l’occasion de la 29ème édition de la campagne mondiale Octobre Rose qui a lieu pendant tout le mois d’octobre 2022, chaque individu, qu’il soit de près ou de loin concerné par la maladie, peut apporter son aide de quelque manière que ce soit à la lutte contre le cancer du sein : En faisant un don à un institut de recherche ou une association caritative,  en participant activement à l’organisation d’un événement culturel (diffusion d’un film, pièce de théâtre…), une course, une marche solidaire, un karaoké géant, un forum d’information, etc.  Tous les fonds ainsi récoltés, même les plus modestes, viendront alimenter les circuits de financement des centres de recherche qui en ont besoin pour innover dans les futurs traitements de la maladie.

Conclusion

La recherche avance, c’est une certitude. Pourtant, par manque d’information, ou par crainte d’un diagnostic alarmant, de nombreuses femmes ne bénéficient pas d’un dépistage précoce qui pourtant, leur garantirait une prise charge efficace de la maladie qui pourrait se développer à leur insu.

C’est pourquoi, AVENIR SANTÉ MUTUELLE est convaincue qu’Octobre Rose est l’occasion d’aborder le sujet en discutant avec vos proches ou vos ami(es). Porter le petit ruban rose à la boutonnière est un moyen de susciter l’interrogation et, peut-être, inciter les femmes de votre entourage à se documenter et à se faire dépister.

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